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Mlle Maman

17 septembre 2014

Quand le bonheur d'une vie se mélange à

Quand le bonheur d'une vie se mélange à l'inquiétude, à la peur, à la colère, au vide devant, au chagrin incontrôlable...


Il fait un soleil radieux dehors. On est le 7 août 2014. On attend ce jour depuis le moment où on a vu les deux petites lignes roses un matin d'avril. On est excité. On a les yeux qui brillent et l'estomac noué. Est-ce qu'on va jouer au camion ou à la poupée? Est-ce qu'on dira je t'aime William ou je t'aime Maélie? C'est aujourd'hui, si t'es pas trop coquin ou coquine, qu'on le saura! Mais au fond, on s'en balance bien du rose, du bleu, des p'tites robes ou des chemises. Tout ce qu'on souhaite c'est que tu aies tous tes morceaux et tout ton cerveau. D'ailleurs, ça me rassurera de te voir gigoter dans le moniteur, moi qui attends avec impatience un p'tit coup de pied dans ma bedaine.


On entre dans l'hôpital et on se dirige au 4e, comme la première fois. Dans la salle d'attente, un p'tit garçon attend sa mère avec sa mamie. Le coeur veut me sortir du corps tellement j'ai hâte qu'on m'appelle. Ça y'est. Papa et moi on se regarde, les yeux remplis de bonheur, on expire notre nervosité et on entre. Salle 7.

Étendue, je n'ai d'yeux que pour le moniteur devant moi. C'est toi. J'essaie de distinguer les parties de ton corps dans cette image que j'arrive difficilement à déchiffrer, même avec les indications de la technicienne. Je jète quelques regards à ton papa à ma gauche. Lui aussi a le regard rivé sur le moniteur, les yeux brillants.Et puis, le médecin entre dans la salle et nous salue. Quelques vérifications à faire dit-elle. La technicienne se demande ce qu'est la petite masse blanche à côté de ta bedaine. Docteure Poirier confirme: une anomalie. Je n'ai certainement pas bien entendu. La paroi de ton abdomen ne s'est pas complètement refermée et tes intestins sont, en partie, à l'extérieur de ton corps. Ma Terre s'est arrêtée. J'entends ton père qui renifle. Je ne suis pas capable de le regarder. Elles impriment des photos de toi, nous invitent à passer dans une autre salle. Les mots résonnent dans ma tête. Tout se déroule au ralenti. Pas mon bébé.


Mes yeux croisent ceux de ton papa. Le bonheur de tout à l'heure s'y est mélangé à l'inquiétude et à une profonde blessure. Défait, on s'asseoit devant le bureau tandis que le médecin prend un rendez-vous pour nous à Québec. On doit être pris en charge par le CHUL qu'elle dit, des spécialistes. J'ai peur. Les pires scénarios passent en boucle dans ma tête. Je pensais avoir fait ma part en ce qui concerne les épreuves de la vie. Jeudi prochain. Pour confirmer le diagnostic. Bonne chance.


On sort du bureau, on entre dans l'ascenceur. On se regarde. On ne sait pas quoi se dire. On marche jusqu'à l'auto. Papa essaie de me rassurer. Mais y'a plus rien ni personne qui me rassurera jusqu'au moment où je te tiendrai dans mes bras et que nos regards se croiseront. Je n'arrive plus à retenir mes larmes. En une heure, la vie vient de prendre un tout autre sens. J'en veux à ceux d'en haut, qui, m'a-t-on dit, veillent sur moi. Moi qui pense si souvent à eux.

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